mardi 25 juin 2013

"Callas" au festival d'Avignon : interview de Noémie Bianco et Jean-Marc Avocat au Croiseur à Lyon en juin

Pour écrire le texte de « Callas », Jean Yves Picq a choisi d’utiliser uniquement des paroles de Maria Callas tirés d’interviews. Vous avez dit précédemment Jean Marc Avocat avoir choisi ce texte pour la nature des propos de  Maria Callas car vous aimiez profondément cette chanteuse lyrique et vouliez faire partager cette passion. Vous avez mis en scène le texte de Jean Yves Picq avec l’interprète Noémie Bianco.

Jean Marc Avocat, vous êtes metteur en scène de cette pièce, comment vous est venue l’idée de monter ce spectacle précisément à partir du texte de Jean Yves Picq (et pas un autre) et précisément avec Noémie Bianco ? 

J-M. A. :Il faut d’abord savoir que le texte de Jean Yves Picq avait déjà été joué par une comédienne il y a 25 ans avec un montage différent du mien. En effet, le texte de Jean Yves Picq est deux à trois fois plus dense que celui qu’on entend sur scène. Je suis un fan inconditionnel de Maria Callas. Il y a le plus souvent un côté mondain dans les commentaires de sa vie. Il me paraissait beaucoup plus intéressant de prendre ses propres paroles, à elle. Et donc ce texte de Jean Yves Picq.Je cherchais à faire un autre spectacle avec la comédienne Noémie Bianco, seule en scène. Je connaissais les personnes qui avaient monté l’autre pièce à partir du texte de Picq il y a 25 ans et j’avais toujours en mémoire ce texte. En même temps c’était un clin d’œil sympathique vu que son grand-père avait été baryton.
Noémie Bianco, qu’est-ce qui vous a poussé à prendre ce rôle, seule en scène avec les propos de Maria Callas ?
N. B. :J’avais très envie de jouer car ce que raconte le texte m’intéresse. Je ne me suis pas posé de questions sur la difficulté que cela représentait. Et puis j’avais confiance en Jean Marc le metteur en scène. J’avais conscience que c’était un challenge plus grand mais j’avais confiance. Nous avions monté ensemble précédemment des textes de Claudel.La plus grande difficulté a été pour moi l’absence de musique dans ce spectacle. Dans mes précédents rôles, la musique me permettait de me nourrir. Là il n’y a rien, je suis seule en scène sans musique.
D’où vient cette idée de conférence de presse pour relater les propos de Maria Callas ?
J-M. A. :Le texte est complètement tiré d’interviews, parues dans les journaux mais aussi dans des émissions de radio ou de télévision.J’ai pensé que c’était la conférence de presse était la situation la plus juste. Il faut trouver une raison de parler tout seul au théâtre. En fait le personnage de Callas répond à des questions sans que l’on entende ces questions. Et le public a le rôle du journaliste.
Pourquoi imposer un accent à la comédienne ?
J-M. A. :J’avais deux motivations pour lui faire prendre un accent. D’abord Noémie Bianco avait 22 ans lorsqu’on a créé la pièce donc ça la vieillissait un peu, ça la rapprochait de l’image que tout un chacun a généralement de Maria Callas, car c’est une légende, une figure éternelle. La vision proposée par le spectacle ne doit pas être antinomique.De plus les interviews qui paraissent dans ce texte retracent toute la carrière de Maria Callas. Elle était vouée au chant depuis sa jeunesse, de 15 à 53 ans.Lors d’interviews, les journalistes de presse écrite retravaillaient les textes alors que sur les enregistrements audio, on entend les erreurs de langue de Maria Callas. Jean Yves Picq a conservé et transcrit ces fautes dans son texte final. Cela a été compliqué pour monter le spectacle. L’accent a servi à uniformiser, lisser ces différences stylistiques. 
Noémie Bianco, vous avez écouté de l’opéra étant petite car votre famille vous y incitait. Est-ce grâce à cette pièce  que vous vous y êtes intéressé plus particulièrement et personnellement ?
N. B. :J’ai toujours écouté un peu d’opéra, dans ma famille c’était logique. Mais oui c’est sûr, cette pièce a beaucoup contribué à mon goût pour l’opéra. Je me suis beaucoup documentée, j’ai maintenant une admiration et un affect particulier pour Callas. Elle parle beaucoup de l’interprétation, et ce qui est valable pour une chanteuse peut l’être tout autant pour une comédienne. Toute la difficulté est d’être soi-même en étant une autre.
Le spectacle a déjà un beau parcours, de Lyon à Paris et maintenant direction Avignon cet été. Vous le reprenez ensemble après 9 mois de travail distinct, avez-vous déjà pensé à des  modifications ou évolutions à apporter au spectacle ? 
N. B. :Chaque travail que l’on fait nourrit l’autre donc oui, c’est important d’être toujours en activité, de lire des textes etc. Le travail du comédien est très lié à notre vie, le vécu. Plus je grandis, plus je comprends le texte de Callas, ce qu’elle a voulu dire sur sa vie de chanteuse et de femme.Notre souhait est de faire résonner ses intentions, son amour pour la musique et son engagement vers l’opéra.
J-M. A. :J’ai été voir plusieurs fois la salle, la chapelle du théâtre des Halles à Avignon où nous jouons cet été. J’y ai vu un spectacle aussi. Nous allons redescendre cet accent, le lisser un peu car la salle impose une forte proximité avec le public. C’est un lieu très intimiste et il faut mettre le spectacle à la mesure de cette salle pour faire disparaitre toute notion de théâtre au spectateur. Faire oublier le théâtre au public pour que le personnage soit le plus authentique possible rend le spectacle plus juste.A chaque reprise de ce spectacle, nous ne faisons pas que répéter et rester sur les acquis des représentations précédentes. Nous reprenons ce spectacle en le retravaillant. On le re-questionne et on essaie d’aller plus loin.
Il y a 4 ans que vous jouez ce rôle mais le festival d’Avignon est un peu un défi en termes de durée puisqu’il s’agit de 22 jours quasiment consécutifs (une seule relâche). Comment appréhendez-vous cela Noémie, ressentez-vous une différence par rapport aux séries de représentations précédentes ?
N. B. :Nous avons fait 45 représentations au total aujourd’hui. J’ai très envie de jouer.  Il faut surtout du repos car c’est très physique de jouer sur un plateau.
On trouve de précédentes interviews ici : 
http://www.franceculture.fr/personne-noemie-bianco
http://www.youtube.com/watch?v=yh0BeQCiwBo

Retrouvez "Callas" au festival off d'Avignon du 6 au 28 juillet 2013 à 21H30 au Théâtre des Halles.




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